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Les écrivains mentent-ils ? Dans son essai Le Chaos ne produit pas de chefs-d’œuvre, Julia Kerninon revient sur un phénomène assez fascinant : celui des interviews de la revue The Paris Review, puisque les journalistes permettaient aux écrivains de relire les entretiens d’eux qu’elle publiait. Comme Julia Kerninon le dit, le « pacte de lecture » est brisé. Le lecteur ne lit plus une interview prise en direct, mais une retranscription corrigée par l’auteur lui-même. Ce dernier a tout le loisir de relire, modifier, mentir, s’arranger avec la vérité, avec ses pensées initiales : « Le but premier n’est pas, pour lui en tout cas, de dire la vérité — si tant est que ce mot ait le moindre sens —, mais bien d’assurer sa propre gloire et sa postérité. »

Ce que José-Luis Diaz nomme « l’écrivain imaginaire », Julia Kerninon le montre au travers d’un exemple bien précis, celui de l’écrivain Bashevis Singer, qui a inventé un syndrome de la page blanche suite à son exil aux États-Unis. Il invente ce phénomène pour créer sa propre légende d’un écrivain « brisé artistiquement par son émigration ». Après coup, il est apparu que tout cela n’était qu’un mensonge, l’écrivain ayant publié « 285 textes dans la presse périodique yiddish » de l’époque. L’écrivain a tout loisir d’entretenir sa légende ou de la créer, tout simplement, comme il peut le faire au quotidien, avec ce que l’on pourrait appeler « les petites mythologies des écrivains ». 

Référence :

  • Le Chaos ne produit pas de chefs-d’œuvre de Julia Kerninon, PUF
  • Recueil The Paris review, Christian Bourgois 

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