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©Nicolas Maleski

Cette semaine, le Journal d’Albion vous propose d’entrer, non pas dans les carnets d’un écrivain, mais dans ses petits papiers. Nicolas Maleski écrit tout le temps, mais sur tout ce qui lui tombe sous la main : des lettres, des tickets de caisse, des bouts de papier, et même un bulletin de vote François Fillon… Il en a des centaines et les garde…

Depuis quand écrivez-vous ?

Ma première tentative romanesque remonte à mes vingt-quatre ans, alors que je revenais d’un séjour au Mexique où j’avais travaillé pour l’Alliance française. En réalité, j’avais envie d’écrire depuis longtemps, j’avais tâtonné un peu sans persévérer, puis le retour en France au terme de cette expérience à l’étranger a fonctionné comme un détonateur. J’avais quelques mois devant moi, de quoi écrire un premier roman, loin d’être brillant mais formateur…

Comment vous est venue cette utilisation des petits papiers et feuilles volantes pour prendre des notes ?

Lorsqu’arrive l’inspiration — une idée, une tournure de phrase, une description… — j’ai besoin de noter tout de suite pour ne pas oublier et me libérer l’esprit. Ça peut se produire dans la rue, dans une salle d’attente, à un feu rouge… Le danger du carnet c’est qu’on peut facilement le perdre. Je trouve plus pratique et moins encombrant d’avoir une feuille de papier dans la poche. A défaut, un bout de carton, le dos d’un prospectus, un ticket de caisse peuvent aussi bien faire l’affaire… Ou encore une liste de courses, un sachet de thé, un ticket d’expo, le verso d’un dessin d’enfant, un billet de train. En faisant un peu de classement, j’ai aussi retrouvé un bulletin de vote François Fillon (ce qui prouve que je n’ai pas voté pour lui). J’aime l’aspect hétéroclite de ces papiers par centaines qui s’empilent et qui racontent une histoire à leur manière. Incidemment, ces notes peuvent parfois mentionner un nom de ville, une date, un souvenir. Je les conserve pour ces raisons. 

Les petits papiers de Nicolas Maleski / ©Nicolas Maleski
Avez-vous des rituels d’écriture ?

Pas que je sache. Rien de notable en tous cas. J’écris sur un ordinateur antique, une version Word 2003. Chez moi quasi exclusivement. 

Pour terminer, quels sont les livres qui vous ont donné envie d’écrire ?

En premier lieu, Maudit manège de Philippe Djian, qui représente ma première émotion de lecteur. Je peux encore me rappeler des impressions ressenties, il y avait quelqu’un derrière ce livre, peut-être un grand frère qui vous raconte une histoire. J’avais dix-sept ans, en vacances avec une bande de copains dans un camping, mais lire ce livre était ce qui m’intéressait le plus. J’aimais ce que l’auteur disait et comment il le disait.

Dans un registre à peu près similaire, il y a eu J’irai cracher sur vos tombes. Ou encore Paul Auster, John Fante, Charles Bukowski… En lisant ces livres, ça me démangeait d’écrire. Mes premières tentatives viennent de là, assez naïves et sans recul. Plus tard, il y a eu Belle du seigneur, Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. Grâce à ces livres, j’ai compris que la langue — l’expression d’un goût, d’un style — constituait un angle pour raconter l’histoire, une façon de s’en distancier. Le choix de la langue créé ce décalage qui fait le sel de la narration, la langue est l’outil avec lequel la personnalité de l’auteur peut s’exprimer, le moyen de son interprétation.

Aujourd’hui, les livres que je lis nourrissent mon écriture. J’aime qu’un livre m’apporte quelque chose en tant que romancier, sur le plan de la construction, de la narration ou du verbe. J’aime l’idée qu’on n’écrit pas un roman à partir de rien ; des générations d’écrivains se sont succédé. C’est à partir de cette somme d’expériences qu’écrivent les auteurs d’aujourd’hui, que ce soit en résonnance avec une ou plusieurs veines, ou à l’inverse en réaction à d’autres formes d’écriture. 

Conseils de lecture de Nicolas Maleski :
  • Maudit manège de Philippe Djian
  • J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian
  • Belle du seigneur d’Albert Cohen 
  • Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit de Céline

Le dernier roman de Nicolas Maleski, La Science de l’esquive, est paru en janvier dernier, chez Harper Collins. 

Pour écrire à votre tour, où que vous soyez, la boutique de l’Atelier d’Albion vous proposer des carnets, et même des blocs-notes

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