“Never give up !”, ou autrement dit, en bon français, “N’abandonne jamais !”. L’écrivain américain Don Winslow dit qu’il se répétait souvent se mantra pour ne pas lâcher l’écriture. Après avoir emmené plusieurs de ses romans policiers dans les best-sellers internationaux, il a fini par assumer l’idée d’écrire un dernier roman en 2024, avant de prendre sa retraite. Nous pourrions ainsi nous demander si les écrivains prennent vraiment leur retraite. Mais là est une autre histoire. Revenons au mantra de Don Winslow, “Never give up !”, retrouvé dans deux lectures récentes.
Les chemins détournés
L’autrice, compositrice et interprète La Grande Sophie vient de publier son premier livre, aux éditions Phébus. Tous les jours, Suzanne est un texte qui réunit une centaine de lettres écrites à cette fameuse Suzanne. La femme de la chanson n°10 de son album La Place du fantôme. À cette étonnante correspondante, La Grande Sophie se livre. Elle se raconte, au quotidien. Elle parle de l’écriture, de la chanson, et surtout de son parcours. Ses choix la portent parfois vers des échecs ou des portes qui claquent. À chaque fois, elle se relève. En filigrane, elle raconte l’histoire du PDG de sa maison de disque qui lui envoie régulièrement des fleurs pour son anniversaire, dans cette période où elle est Disque d’or. Avec le temps, les fleurs se font plus rares, les bouquets moins gros, avant de disparaître totalement : “Tu vois, Suzanne, la position d’un artiste fait le poids du bouquet.”
Ce livre met en lumière ces choses ambivalentes que sont le succès et l’échec. Que veulent-ils dire ? Que représentent-ils pour nous ? Pour les autres ? Doit-on pour autant abandonner ? Se résigner ? La Grande Sophie ne répond jamais tout à fait à ces questions, mais elle nous montre avec poésie les chemins parfois tortueux qu’elle a pris, pour ne jamais abandonner.
La création est un combat
Le deuxième livre est un témoignage du chef Thierry Marx. À l’image du passionnant Les Vertus de l’échec de Charles Pépin (que je vous conseille aussi), Thierry Marx nous dévoile son parcours. Avec simplicité et humilité, il dit beaucoup. Ses difficultés à l’adolescence, ce qui aurait pu le faire mal tourner, cette force qui lui a permis de ne pas abandonner. Encore une fois, on y revient. Quelle que soit la création, la persévérance est une force. Le chef cuisinier évoque l’ennemi qu’est l’impatience, les heures à répéter les mêmes gestes, à apprendre. Il assume même quelques mensonges et impostures qui lui ont ouvert des portes. Pour tout, Thierry Marx parle de combat. Lui, adepte des arts martiaux, nous donne cette définition de l’ukemi, une technique de chute des sports de combat : “Ce qu’on appelle l’ukemi, la technique de chute, vous apprend qu’on peut volontairement tomber pour mieux rebondir.”
Ceci est donc une forme de conseil d’écriture : Never give up !
Référence :
- Celui qui ne combat pas a déjà perdu de Thierry Marx, J’ai lu
- Tous les jours, Suzanne de La Grande Sophie, Phébus
- Les Vertus de l’échec de Charles Pépin, Pocket
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