Les coulisses de l’écriture
Hervé Le Tellier dévoile les coulisses de son travail d’écriture dans un épisode de Bookmakers de Richard Gaitet. Désormais, il est publié chez Points, en partenariat avec Arte. Grand amateur de science-fiction, Hervé Le Tellier nous apprend que sa bibliothèque d’adolescent comprenait près de 500 livres de science-fiction. Il pouvait en lire deux à trois par semaine. Loin de cet univers, il a pourtant un imaginaire et une créativité débordante. Membre de l’Oulipo, il devient un grand amateur de jeux avec les mots, mais aussi un maître de la construction (comme dans « L’Anomalie », qui lui a permis d’obtenir le Prix Goncourt en 2020, et d’être vendu à plus de 1,5 millions d’exemplaires). Comme l’explique Richard Gaitet, les oulipiens se définissent eux-mêmes comme « un rat qui aurait construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ».
Les conseils d’écriture d’Hervé Le Tellier
Je retiendrai plusieurs de ses conseils. Tout d’abord, celui de ne pas utiliser les verbes « sembler » ou « paraître », car « la réalité n’a pas besoin d’être atténué ». De mon côté, je conseille aussi souvent de retirer ces verbes non pas pour une question de réalité, mais pour une question de doute. Le manque d’assurance d’un jeune auteur se cache souvent sous ces verbes. Soyez sûrs de vous, vous êtes l’auteur, votre personnage ne « semble pas », il est. Ensuite, Hervé Le Tellier déculpabilise sur ce sujet des « idées ». Selon lui, elle « sont faites pour être réutilisées. On ne peut pas tourner « West Side Story » si on a peur de plagier « Roméo et Juliette » ». La littérature n’est qu’un cycle éternel. L’originalité vient aussi du style et de la manière de traiter le sujet en question. Hervé Le Tellier est aussi un adepte de la pratique américaine du « Show don’t tell », dont il donne des exemples très parlants, et que je rejoins totalement : « La personne n’est pas émue, la tasse tremble dans sa main ; la personne n’est pas énervée, elle fait tomber la tasse. C’est à partir du comportement des personnages qu’on comprend ce qui se passe dans leur tête. »
Cet entretien est une vraie mine de conseils d’écriture, tous plus intéressants et parlants les uns que les autres. Hervé Le Tellier se livre avec sincérité, sans masque. Cet entretien nous procure un vrai plaisir de lecture et de découverte de son travail d’écriture.
Atelier d’Albion propose des ateliers d’écriture, animés par Myriam Thibault, à découvrir par ici :