La chambre à soi, ou le lieu à soi, de Virginia Woolf existe toujours. Finalement, le problème de la chambre à soi de Virginia Woolf s’est déplacé. À l’époque, elle évoque clairement une différence de genre : les femmes ne peuvent pas avoir de lieu à elle pour écrire alors que les hommes écrivains, même les plus pauvres, trouvent toujours un petit endroit pour s’exiler de leur famille. Virginia Woolf nous dit : « Mais pour les femmes, me dis-je en regardant les rayonnages vides, ces difficultés étaient infiniment plus redoutables. Au premier rang, hors de question d’avoir un lieu à soi, sans même parler d’une pièce calme ou d’une pièce insonorisée, à moins que les parents ne soient exceptionnellement riches ou très nobles, et ce jusqu’au début du XIXe siècle au moins. » Elle l’envisage sous le prisme des femmes et de son époque.
En se demandant pourquoi peu de femmes écrivent, elle réalise que peu d’entre elles ont l’opportunité d’avoir une pièce où se réfugier pour penser ou créer. Mais cela reste vrai aujourd’hui, non pas forcément dans un rapport homme/femme, mais plutôt social, dans une époque où beaucoup de couples vivent dans de petits appartements, et où les maisons n’ont pas toujours autant de pièces pour pouvoir y dédier un bureau par personne. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans une inégalité entre les hommes et les femmes, mais plutôt dans une inégalité de classe sociale. Les écrivains les moins fortunés (qui sont les plus nombreux) sont évidemment ceux qui auront le moins l’opportunité d’avoir un deuxième lieu, ou un bureau à l’écart dans une maison pour écrire. Parfois, l’écriture a lieu sur un ordinateur ou un carnet sur la table de la cuisine ou de la salle à manger, ce qui dérange le reste de la famille… Chaque soir, il faut ranger tous ses papiers, ses livres éparpillés sur la table où l’on doit manger. Et vous, avez-vous un lieu pour écrire ?
Référence :
- Un Lieu à soi de Virginia Woolf, Denoël
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