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Écrire la vérité dans un roman ou s’en affranchir ? Pour commencer, la liberté se trouve dans la narration des faits. Quand bien même un auteur souhaiterait écrire une biographie romancée, il peut prendre des libertés quant à la réalité historique, c’est le principe du roman. Comme le dit Milan Kundera : « Le romancier n’est ni historien ni prophète : il est explorateur de l’existence. » S’il a envie de se détacher des faits réels ou historiques, rien ne l’en empêche. Et pourtant, là est tout le débat : le romancier doit-il se cantonner aux faits ? Son art n’est-il justement pas de broder autour de la réalité et d’aller chercher dans des chemins cachés ? L’historien se cantonne aux faits. Le romancier la raconte, quitte à dépasser les limites de la réalité. On demande au romancier de nous raconter des faits à la manière du De sang froid de Truman Capote. Mais le romancier n’est ni un historien ni un journaliste.

Dans l’écriture de roman, l’écrivain doit se donner une liberté qui amène souvent à la vraisemblance, même si les faits sont parfois éloignés de la vérité. Un exemple remarquable de ce reproche fait aux auteurs se trouve dans le film The Big Short d’Adam McKay. À un moment, deux personnages découvrent sur un banc, dans le hall d’une entreprise des documents essentiels dans leur recherche, qui a précédé la crise des subprimes. Alors qu’ils ont tous les deux les yeux rivés sur le document, l’un d’eux se tourne, face caméra, pour préciser qu’en réalité, les documents n’ont pas réellement été trouvés sur le banc de ce hall. Le spectateur comprend alors que pour la bonne tenue du film, il était plus simple de les trouver ici, et qu’il aurait été rébarbatif de raconter la vérité de ce bout d’histoire, qui n’apporte rien à la narration, que ça l’aurait embourbée et allongée. Le réalisateur sort alors son public de l’histoire, pour s’excuser presque de n’avoir pas suivi la réalité des faits. L’essentiel demeure donc dans la vraisemblance.

Référence :

  • L’Art du roman de Milan Kundera, Folio
  • De sang froid de Truman Capote, Folio

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