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Écrire en marchant. Dans l’histoire littéraire, un marronnier assez connu oppose Friedrich Nietzsche et Gustave Flaubert : ceux qui marchent et ceux qui restent assis. À la phrase de Flaubert « On ne peut penser et écrire qu’assis », Nietzsche répondait dans « Le Crépuscule des idoles » : « “On ne peut penser et écrire qu’assis.” (Gustave Flaubert) Je te tiens, nihiliste ! Être cul-de-plomb, voilà, par excellence, le péché contre l’esprit ! Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose. » Nietzsche installe ici l’idée que des pensées claires n’adviendraient que d’une activité physique, et non pas d’un corps passif, cloué à sa chaise tout au long de la journée. L’autre philosophe en accord avec cette réflexion est Henry David Thoreau. Dans son petit essai sur la marche, ce dernier écrit : « Quand un voyageur demanda à la domestique de Wordsworth de lui montrer le bureau du maître, elle lui répondit : “Voici sa bibliothèque, mais son bureau est en plein air.” » William Wordsworth est un poète anglais du XVIIIe siècle, qui a écrit les Ballades, et cette citation sous-entend qu’il écrivait à l’extérieur, en marchant, et que sans la nature, il n’y aurait pas eu d’écriture ni de poésie. Henry David Thoreau défend quant à lui un bureau à ciel ouvert, au plus proche de la nature : « Une commune au-dessus de laquelle ondoie une forêt primitive […] est à même de donner non seulement du maïs et des pommes de terre, mais aussi des poètes et des philosophes pour les générations futures. Dans ce type de sol, ont poussé Homère, Confucius et les autres ». À sa manière, en nous parlant des sols, il évoque leur fertilité poétique et littéraire. La nature est une source d’écriture, de sincérité, de rapport serein à l’homme et au monde qui l’entoure. Dans ce petit essai sur la marche, au détour de son éloge, il glisse ces quelques phrases sur son pouvoir sur le corps et l’esprit, et donc par extension sur l’écriture. Et vous, vous marchez pour écrire ? 

Référence :

  • Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, GF
  • Henry David Thoreau, De la marche, 1001 nuits

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