Écrire avec Gustave Flaubert

Écrire avec Gustave Flaubert, c’est comprendre le travail de l’écrivain. Dans sa correspondance à Louise Colet, il parle sans cesse de son travail sur Madame Bovary. Il lui relate tout d’abord le temps qu’il met pour écrire un certain nombre de pages. Il avance plus ou moins vite en fonction des jours. Le 16 janvier 1852, il n’a écrit que cinq pages en quatre jours, et le 31 janvier, il en est toujours de même : « Je ne fais pas plus de cinq à six pages dans ma semaine. »  Il semble un peu perturbé par ce manque de productivité. Mais il parle aussi de son désespoir de ne pas finir avant une certaine date, et de fait, de repousser la prochaine fois qu’il pourra la voir. Finalement, Gustave Flaubert dit souvent à Louise Colet qu’il ne pourra pas la voir tout de suite, parce qu’il doit continuer à écrire. Il tente de faire des prévisions sur quelques semaines, sur un mois, voire un an. Le 15 avril 1852, il lui écrit : « Quand mon roman, sera fini, dans un an », et le 8 mai, il ajoute « Peu m’importe six mois de plus ou de moins ! ». Il lui est en réalité presque impossible de savoir quand il aura fini. Dans ses lettres, en plus de son incertitude concernant la date de fin de son roman, il s’étend sur ses difficultés d’écriture au quotidien. Il parle de douleur, voire de torture. Le 23 mai 1852, il écrit : « Je me donne un mal de chien pour des misères ; les phrases les plus simples me torturent », et le 26 juin, il continue en écrivant : « Ce qui est atroce de difficulté c’est l’enchaînement des idées ». Il parle même pour la relecture, d’un travail « très humiliant », et va jusqu’à évoquer son « impuissance ». L’écriture chez Flaubert semble être une véritable source de préoccupation et de difficultés. L’écriture est une souffrance, car il n’arrive pas véritablement à réaliser ce qu’il a en tête. Même les plus grands doutaient… 

Référence : Ecrire Madame Bovary de Gustave Flaubert, Folio Plus classique, 288 pages, 7€50

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