Cette semaine, Kévin Juliat, instagrammeur littéraire, nous dévoile son utilisation des carnets. Autant dans son activité professionnelle (agent immobilier) qu’au quotidien pour ses notes personnelles, les carnets ne le quittent jamais. Entretien avec un amoureux du papier et des mots.
Blogueur littéraire depuis de nombreuses années, tu viens d’ouvrir un nouveau compte Instagram @kevinizreading pour nous dévoiler tes coups de cœur littéraires, ainsi que tes propres textes poétiques. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’ouvrir ce nouvel espace dédié à l’écriture et à la lecture ?
Le temps a bien passé depuis mon premier blog, mais la lecture et l’écriture étaient toujours là, en fond mais un peu trop en pointillés… Bientôt dix ans que je travaille dans l’immobilier et même si j’adore ce que je fais, j’ai eu besoin de revenir à mes premières amours, il y avait quelque chose d’évident à cela. J’ai longtemps réfléchi à « comment revenir ? », « par quel moyen ? », et j’ai vite réalisé qu’Instagram pouvait être un outil intéressant, un véritable laboratoire, pour l’écriture poétique notamment. Les retours sont rapides, et surtout on arrive à toucher des personnes similaires à soi, avec qui l’on partage le même intérêt et souvent les mêmes doutes. On se sent moins seul que devant sa page blanche.
Utilises-tu tes carnets pour écrire sur tes lectures ou pour ta propre inspiration ?
J’utilise des carnets dans à peu près tous les aspects de ma vie : principalement du format A5, toujours blanc ou ligné. Jamais de carreaux (j’ai une véritable aversion pour cela… un traumatisme des cours de mathématique peut-être ?). J’ai un carnet à couverture rigide et à rabat, que j’utilise au travail et qui regroupe toutes mes estimations d’appartements, la liste de mes anciens vendeurs et acquéreurs, les recherches de mes clients, mes « to do list » quotidiennes. À côté de cela, j’ai un carnet similaire que j’utilise pour des prises de notes plus personnelles, des idées de textes. Celui-ci est assez propre et ne quitte jamais mon appartement. J’ai ensuite un autre carnet, plus abîmé, qui me suis partout avec moi. J’oscille entre celui-ci et la partie « notes » de mon téléphone pour marquer des titres de livres, des adresses, des débuts de textes, etc. C’est un peu mon carnet de brouillon dans lequel se retrouvent toutes les bases.
Enfin, je possède plusieurs carnets, souvent non terminés, liés à mes voyages. Je prends de nombreuses notes sur ce que je vois, ce que je mange, les lectures liées aux pays traversés, les paroles des gens que je peux rencontrer. Ils peuvent être très personnalisés et décorés par des flyers, des autocollants, des tickets collés (celui consacré à New York par exemple) ou très minimalistes avec seulement mes ressentis (celui sur la Pologne et Auschwitz). Et pour finir, j’ai toujours des blocs-notes que je remplis et que je jette au fur et à mesure, cela peut être des mots-clés qui me viennent lors d’une conversation téléphonique, une liste de course ou de dates à ne pas oublier pour le suivi d’un dossier.
Qu’aimes-tu dans ce rapport à l’écriture manuscrite ?
J’ai ce besoin viscéral d’écrire à la main, même si tout se termine sur ordinateur, cela vient peut-être d’une mémoire plus visuelle. Après je n’aime pas mon écriture manuscrite, elle est différente en fonction de mon humeur, du stylo utilisé, du papier sur lequel j’écris… Raison pour laquelle je suis assez sensible à la couleur du papier, à son épaisseur et à tout plein de détails que je ne connais pas moi-même et qui s’imposent sans que je puisse faire quoi que ce soit.
Emportes-tu tes carnets partout avec toi ?
Oui, a minima celui pour le travail et celui dans lequel je prends d’autres notes plus diverses, et régulièrement je dois vider ma partie « notes » de mon téléphone, qui en contient beaucoup aussi.
Que trouve-t-on sur ton bureau ?
Un mug de la famille royale anglaise contenant des stylos, des crayons, des ciseaux, etc. Un bloc-note et une pochette dans laquelle se trouvent des textes, des photos, des dessins, des lettres d’amis que je dois bientôt faire encadrer pour exposer au-dessus du bureau. Mais je n’ai pas encore trouvé le temps de m’en occuper. Il y a aussi des marque-pages, un recueil de poèmes, une bougie et évidemment mon ordinateur au milieu.
Pour conclure, peux-tu nous parler de tes derniers coups de cœur littéraires ?
Les Poèmes de Raymond Carver. Je ne le connaissais qu’en tant que nouvelliste, et c’est un de mes followers sur Instagram qui m’a recommandé de découvrir cette partie de son œuvre. Je suis rentré dedans comme en religion, émerveillé par tout ce que je lisais. Puis, Le ravissement de Marilyn Monroe d’Olivier Steiner – un cri du cœur, un hymne d’amour déchirant de l’auteur pour l’actrice, où sont retracés les derniers jours de sa vie. Le texte est accompagné de dessins magnifiques d’Anne Gorouben. Enfin, Whiskey & New York de Julia Wertz, un roman graphique drôle et caustique sur l’arrivée d’une jeune dessinatrice à New York, qui galère entre des petits jobs sans saveur, et cumule les appartements autant qu’elle enquille des litres de bières et de whisky. C’est un des premiers romans graphiques que je découvre, et cela me donne très envie de continuer à prolonger ce sillon.