Cette semaine, le Journal d’Albion vous propose d’entrer dans les carnets de l’écrivain et journaliste Laurent-David Samama. Il nous parle de son rapport très littéraire à l’écriture manuscrite. Son roman Kurt vient de paraître en poche aux éditions L’Abeille, chez Plon. Entretien.
Pour commencer, peux-tu nous dire combien tu as de carnets ?
Une bonne dizaine, au bas mot ! Il y en des souples, au format minuscule, dans les poches intérieures de mes vestes et manteaux. Des plus grands, rigides, dans la sacoche que j’emporte avec moi en reportage, des colorés. Des carnets qui sont en fait des cahiers ou bien des bloc-notes. Il y en a partout ! Ils dorment sur la table du salon, dans les tiroirs d’un buffet, dans la bibliothèque… Je tiens à dire que je les garde tous, précieusement, en me promettant un jour de m’y replonger.
Journaliste, essayiste et romancier, comment organises-tu toutes tes activités d’écriture dans ces carnets ?
Assez piteusement, je dois avouer… Et de manière totalement anarchique ! Si j’ouvre le dernier carnet, je trouve des notes prises après un entretien avec Hugues Aufray, le récit d’un reportage en Italie, le plan d’une partie de mon prochain essai, des numéros de téléphone et des adresses, des To Do Lists qui remontent à 2017 et quelques paroles de chansons de Nirvana. Il n’y a aucune vraie logique derrière tout ça…
Qu’aimes-tu dans ce rapport à l’écriture manuscrite ?
L’écriture manuscrite, sur carnet, c’est l’image d’Epinal de l’écrivain. Elle nous raconte une aventure à la Kerouac, à la Hemingway, l’idée de l’écriture sur la route, au grand air. C’est ce qui m’a poussé à écrire. C’est ce modèle là que je cherche secrètement à reproduire. De fait, j’ai mis un temps fou à me mettre à écrire sur ordinateur, jusqu’au jour où il a bien fallu remettre des fichiers « propres » à mes éditeurs. Il n’en reste pas moins que l’écriture manuscrite demeure. J’ai toujours eu l’impression que les idées fusaient plus rapidement sur du papier. Que l’on écrivait différemment et certainement plus profondément, plus intimement, en couchant ses mots sur un carnet. Je confesse également une passion qui se transmet de mère en fils pour les autographes et autres lettres manuscrites de grands écrivains. On y lit quelque chose d’émouvant : les coulisses de l’élan créatif, des fulgurances, quelques ratures. Derrière ces manuscrits, il y a l’idée d’archiver ses propres élans, son moi d’avant… Sur ordinateur, c’est différent : il y a le rapport froid aux touches et à la lumière bleue de l’écran. C’est plus efficace mais moins romantique
Ton premier roman, Kurt, vient de paraître en poche aux éditions L’Abeille, chez Plon. Comment est venue cette idée de se glisser dans la peau de Kurt Cobain ?
Il s’agissait de venir à la littérature avec une proposition passionnée et, là encore, romantique. J’avais envie de mettre des mots sur l’euphorie grunge, pourtant difficilement retranscriptible en français. Il me semblait que Kurt Cobain avait tout du personnage de roman : sa carrière est courte, son optique est révolutionnaire et son destin dramatique. Et puis, avec le temps, la musique de Nirvana est devenue mythique. La volonté était de se frotter à cette œuvre intransigeante. De la raconter autrement qu’avec un guitare, par des mots plutôt que des albums ou des clips. Et puis il y a chez Nirvana un rapport à l’image que je trouve très actuel, très moderne. Cobain lui même était terrifié par la perspective de voir son image ne plus lui appartenir. Comme si elle lui échappait définitivement. Aujourd’hui, d’une certaine manière, avec Twitter, Facebook et Instagram, toute notre génération touche cela du doigt…
As-tu des rituels d’écriture ?
J’ai l’habitude de débuter mes projets en les couchant, justement, sur des petits carnets ou dans l’application Notes de mon iPhone. Comme un test pour savoir si l’idée est valable… Il y a aussi certaines heures, plus propices que d’autres à l’écriture. Ça varie souvent d’un écrivain à l’autre. Avant d’avoir une vie de famille, j’écrivais beaucoup la nuit. Désormais, je trouve le temps là où il est : tôt le matin, quand la maison dort. Et souvent l’après-midi.
Pour terminer, peux-tu nous parler du livre qui t’a donné envie d’écrire ?
Voyons voir… Il ne s’agirait pas vraiment d’un livre en particulier mais plutôt d’auteurs : Rousseau, Chateaubriand, Duras, Kerouac et Vian. Plus récemment : Guez, Jauffret, Dylan et Angot. La liste n’est pas exhaustive. Elle s’étend tous les jours !
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