Cette semaine, on entre dans les carnets de Louison, dessinatrice et écrivain. Elle dessine pour Grazia, a réalisé plusieurs bandes dessinées et vient d’écrire son premier roman, Le Chemin des amoureux, paru chez Robert Laffont. Son dernier livre, Pile ou Fake, est sorti chez Marabulles.
Comment utilises-tu tes carnets ?
Ce premier carnet était pour ma BD Cher François [Louison a suivi François Hollande de juillet 2016 à juin 2017, après l’élection d’Emmanuel Macron, et en a réalisé une bande dessinée — NDA]. J’ai assemblé trois carnets, et il y a des agrafes de tous les côtés. C’est un carnet Frankenstein. Puis j’ai mis des post-its avec toutes mes dates de rencontre avec François Hollande. Dans cet autre carnet, on trouve ma bande dessinée La Guerre du gras n’aura pas lieu, dans lequel je n’ai écrit que les textes et les découpages. Dans cet autre petit carnet, on trouve Pile ou Fake [bande dessinée qui vient de sortir chez Marabulles — NDA]. Il y a aussi les carnets que je n’ose pas commencer, parce qu’ils sont trop jolis. J’ai d’ailleurs beaucoup de carnets vides… J’ai aussi des petits carnets que j’emmène avec moi, pour faire des croquis dans les trains par exemple. Tu vois, au début, j’avais commencé un scénario et j’ai tout barré. Modestement, pour pouvoir quand même me relire, mais je sais que je n’en ferai rien…
L’avantage du carnet, c’est que tout ce que tu as barré, tu peux le retrouver. Si c’était parti dans la corbeille de ton ordinateur, ce serait définitivement supprimé.
C’est vrai, bien que je ne sois pas sûre d’avoir vidé ma corbeille depuis 2008. (Rires)
Et combien as-tu de carnets en cours ?
J’ai un carnet par projet. Dernièrement, j’ai passé 6 mois à me rendre une fois par semaine à la singerie du Jardin des plantes. J’ai un grand cahier, mais pas très épais, parfait pour un journal. Il est rempli de textes, de tout ce que j’ai pu faire à la singerie. C’est une base de travail pour ma prochaine bande dessinée. J’ai aussi un petit cahier pour mon « projet Marcelle », une idée de bande dessinée sur ma grand-mère, mais je suis finalement passée aux enregistrements pour plus de simplicité. J’ai des dizaines de carnets sur lesquels j’ai écrit quelques pages, avec de super projets que je ne finis pas… Pour autant, je continue d’acheter des carnets. C’est le champ des possibles qui s’ouvre à chaque fois. Tu te dis : « Ce carnet va être le début de la gloire ! »
On remarque en regardant tes carnets que tu partages la création de tes bandes dessinées : tu écris d’abord le texte et après tu dessines.
Pour Cher François, j’ai tout fait au fur et à mesure. Mais c’est vrai que pour Les douze travaux d’Hercule et La Guerre du gras n’aura pas lieu, j’ai d’abord écrit les textes, les dialogues, et après j’ai tout découpé. D’ailleurs, pour la prochaine bande dessinée, j’écris d’abord le synopsis et le découpage. Il faut que je structure un peu.
As-tu des rituels d’écriture ?
Je préfère écrire le soir. J’aime bien ce que dit Duras sur l’écriture, que pour écrire, il faut sortir du monde. C’est assez vrai. J’ai beaucoup écrit ici, au Select, avec de la musique. Parfois, tu lèves les yeux et tu te dis : « Ah oui, c’est vrai, je suis là ! » Tu es dedans, plus personne n’est là. Le soir, on est forcément moins dérangé que la journée. Y compris par soi-même : « Faut que j’aille chez Franprix, à la poste »… Je trouve que les idées viennent le soir, parfois quand on s’endort aussi. D’où les phrases mystérieuses à l’arrière des carnets…
Donc tu as écrit ton roman, ici au Select. Tu écrivais plutôt sur des carnets ou sur ton ordinateur ?
Alors j’avais déjà écrit la partie plus intime sur des carnets, que je n’ai pas relus, et il m’a fallu une distance pour le roman, alors j’ai eu besoin de l’écrire à l’ordinateur. Et pour se corriger, il faut repasser à la main.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de te tourner vers le dessin ?
Attention, réponse extrêmement intellectuelle, mais extrêmement vraie : Tom Tom et Nana. Quand je suis arrivée en prépa, j’avais 20 ans, j’étais déjà une grande personne, et je disais : « Je veux être Bernadette Després. » D’ailleurs, mademoiselle (le bouledogue anglais de Louison) s’appelle Bernadette. Et quand j’ai croisé Bernadette Després au festival d’Angoulême, je n’ai jamais réussi à lui dire que mon chien s’appelait comme elle… Quand je l’ai rencontrée, j’avais les genoux qui claquaient, c’était incroyable.
Si vous aussi vous voulez emmener des petits carnets avec vous partout pour dessiner, c’est par ici, sur notre papeterie en ligne.