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Cette semaine, le Journal d’Albion vous propose d’entrer dans les carnets de l’écrivain Julien Dufresne-Lamy. Il écrit à la fois des romans, ainsi que de la littérature jeunesse. Son dernier roman, Jolis Jolis monstres, est paru chez Belfond en août 2019.

Pourquoi écrire dans des carnets ?

J’écris sur tout. Le carnet, on l’a toujours sur soi. Il n’y a pas de question de batterie… J’aime ouvrir un carnet quand je suis tout au début de l’histoire. Pour mon dernier roman, j’avais parlé d’un synopsis à mes éditrices. Dès le lendemain, elles me proposaient un contrat. Je n’avais pas encore commencé à écrire, et je suis parti trois semaines en vacances. C’est grâce au carnet que j’ai fait naître les personnages, les histoires, les grandes trajectoires. Le carnet, chez moi, est un peu une carte d’identité de départ. 

As-tu des rituels d’écriture ?

J’adore écrire quand je suis dans un train, et j’écris beaucoup dans mon lit. Pour mon dernier roman, il m’est arrivé de me lever à 8 heures le matin et d’écrire jusqu’à 17 heures sans me lever une seule fois. Et oui, j’ai un rituel d’écriture… J’ai besoin de faire le ménage chez moi, afin que tout soit propre et rangé avant de me mettre à écrire.

Tes carnets te servent-ils exclusivement à écrire ton roman en cours ?

Je suis capable de ne pas tenir d’agenda. Avec la saison des salons du livre, c’est compliqué, parce qu’il y a beaucoup de dates, mais je n’écris pas tellement de pense-bêtes… Mes carnets ne servent que pour mes livres. Parfois, j’écris des passages entiers lorsque j’en ressens le besoin. Donc il peut y avoir des fragments, mais aussi des mots clés, des allusions, ou bien des notes pour faire des recherches sur un sujet. 

Les carnets de Julien Dufresne-Lamy
Les carnets de Julien Dufresne-Lamy
Quelle est la vie de ton carnet ?

Quand je suis en déplacement, j’emmène toujours un carnet et un livre avec moi. Quand je n’ai pas mon carnet, c’est mon téléphone qui le devient. Je fais aussi des photos de livres que je suis en train de lire, quand je trouve une phrase belle. J’ai du mal à lire quand je suis en train d’écrire un texte, parce que j’ai peur d’être phagocyté ou trop influencé par le style d’écriture. Mais quand j’aime vraiment une page, je la photographie. Dans mon fil de photos, j’ai des pages et des pages de livres. C’est comme un carnet. Le carnet, la photo et le dictaphone sont des moyens de se rassurer pour ne pas oublier. Et même si tu oublies trois semaines plus tard ce dont tu voulais te souvenir, ce n’est pas grave. Tu as accepté qu’il y aura d’autres idées. Je pense que le carnet sert à ça, à se voiler la face. (Rires)

As-tu un ou plusieurs carnets ?

Je n’ai qu’un seul carnet par livres, mais j’ai plusieurs parties à l’intérieur. J’écris à la fin, au début, au milieu. Ce sont des parties qui correspondent à différentes choses dans le livre. Ça permet d’organiser les idées. 

Pour conclure, peux-tu nous parler d’un livre et d’un film qui t’ont inspiré ou marqué ?

J’ai eu envie d’écrire vers 17 ans. La première personne qui m’a montré qu’il était possible d’écrire autrement et d’avoir une voix, c’est Claire Castillon, avec son livre Le Grenier (Livre de poche). J’aime beaucoup cette femme, qui a une écriture fulgurante, dans l’énergie, et en même temps très noire et dérangeante. J’ai une culture classique, et je ne lisais pas encore les Bret Easton Ellis, Despentes, la littérature un peu frontale. Aujourd’hui, l’auteur que j’aime le plus lire est Emmanuelle Pagano, chez P.O.L. Je me dis : « Je serais incapable de faire comme elle », parce qu’elle crée de l’art dans ses mots, de la magie et de la musique. J’adore. Je suis fascinée par cette femme. Pour les films, je pense au documentaire sur des enfants qui apprennent un ballet de Pina Bausch : Les Rêves dansants – Sur les pas de Pina Bausch.

Quand j’ai vu l’un de ses ballets, j’ai su à l’instant que j’allais écrire sur elle (il s’agit du livre Deux cigarettes dans le noir, paru chez Belfond, en 2017 – NDA). Je n’avais jamais vu une danse aussi incroyable, aussi inventive. J’aime aussi un chorégraphe israélien qui s’appelle Ohad Naharin. Je pense que la danse est liée à l’écriture. Quand je vais voir un ballet, ça me donne envie d’écrire. C’est dans le ventre, dans la tête, il y a quelque chose d’organique et en même temps de très cérébral et réfléchi.

Vous pouvez retrouver Jolis jolis monstres, le dernier roman de Julien Dufresne-Lamy, qui parle des drag-quenns de New York au début des années SIDA en librairie, chez Belfond. Et si vous aussi vous souhaitez commencer un carnet pour écrire votre roman, l’Atelier d’Albion vous invite à découvrir sa papeterie en ligne

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