You are currently viewing Petit dico de l’écriture : Adversaire

Cette première entrée dans le Petit dico de l’écriture se concentre sur la figure de l’Adversaire. Tous les mois, à partir de ce début d’année, Myriam Thibault développera une nouvelle entrée liée à l’écriture.

Créez des adversaires et des oppositions

« Un grand personnage n’arrive jamais seul. À peine l’entrevoit-on que l’on découvre sur ses talons toute une meute qui tantôt l’attaque, tantôt le met à l’épreuve, éclairant ainsi différents aspects de sa personnalité. Fernando Savater affirme d’ailleurs qu’un héros a besoin de deux choses : d’un ami fidèle et d’un ennemi implacable. » Martín Solares écrit ces lignes dans son incroyable essai Comment dessiner un roman (paru chez Christian Bourgois). Depuis que j’ai lu ce livre, je m’amuse à dessiner les romans que je lis et les films que je vois. Dans ce tout petit carnet, on peut voir des trajectoires ascendantes, descendantes, des courbes, des pics, des vagues, parfois quelques droites très légèrement penchées, mais rarement d’encéphalogrammes plats. Pourquoi ? Parce que dans toutes ces histoires, un adversaire est là (ou une forme d’adversité). Le constat est implacable. Les dessins, dont les trajectoires ont le plus de pics et de dénivelés, sont ceux où l’opposition est forte. Le méchant, pour l’appeler plus vulgairement, n’est pas toujours un méchant. Il est parfois une entité non palpable ou non personnifiée (le temps qui se dérègle, la maladie…), ou un personnage qui ne veut pas forcément de mal mais qui crée une opposition (comme dans La Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig). 

Malmenez vos personnages

Quoi qu’il arrive, lorsque l’histoire germe, l’opposition est nécessaire. Dans son roman Profession romancier, Haruki Murakami reconnaît que dans ses premiers romans, il ne mettait pas (ou peu) de personnages négatifs. Puis un jour, il a dû se rendre à l’évidence : « Au début s’était imposée à moi la lourde tâche de trouver la forme qui permette à mon monde romanesque de fonctionner à peu près. Dans une seconde phase, il m’a fallu élargir, approfondir ce monde, lui insuffler plus de dynamisme. Pour ce faire, je devais créer une plus grande variété de personnages et amplifier leur marge de manœuvre. » Alors soyez libres de pousser et malmener vos personnages. Et n’oubliez jamais que tous les personnages, même les adversaires agissent pour leur propre compte. Ils ne viennent pas en travers de la route de votre personnage principal juste pour l’embêter, mais bien parce qu’ils ont une raison profonde et intime de le faire.

Référence :

Pour retrouver toutes les entrées du Petit dico de l’écriture, c’est par ici, dans le Journal d’Albion, sous l’onglet du même nom. Si vous voulez approfondir vos textes, Myriam Thibault anime des ateliers d’écriture personnalisés et en solo. En voici une sélection :