Frédérique Deghelt rappelle à ses participants que le travail de l’écrivain est beaucoup moins palpitant qu’on ne l’imagine. Il se rapproche beaucoup plus d’une routine journalière pour produire efficacement. Georges Simenon par exemple pouvait écrire un Maigret en une semaine à peine. Il s’astreignait à dix mille ou quinze mille signes par jour, et à la fin de la semaine, le Maigret était terminé (découvrez le calendrier d’écriture de Simenon par ici). Frédérique Deghelt, animatrice d’ateliers d’écriture, fait son travail de prévention. Elle informe ses participants que sans rigueur, il n’y a pas d’écriture.
Quand l’inconscient travaille
L’écrivain Raymond Chandler s’installe à son bureau, mais reconnaît ne pas toujours écrire. En revanche, il se force à s’asseoir devant son ordinateur. En restant assis à ne rien faire, Raymond Chandler fait travailler son inconscient. La créativité est activée, même si l’écriture ne vient pas tout de suite. Les premiers jours, l’écriture ne vient pas. Puis au fur et à mesure, elle finit par venir par intermittence avant de s’installer au quotidien. Se mettre en conditions de travail pousse l’inconscient à produire, et le répéter chaque jour ou chaque semaine produit une forme d’endurance.
Faire ses comptes
Paradoxalement, s’imposer une routine peut provoquer une impression de lenteur. Tous les jours, ou toutes les semaines, s’astreindre à écrire un certain nombre de signes et parfois ne pas y arriver peut faire perdre patience ou désespérer d’arriver au bout. Dans l’organisation du temps, l’une des techniques pour se donner du courage ou voir l’avancement de son travail est de le noter. Soit en consignant le nombre de signes effectués chaque jour, soit en datant son travail. John Steinbeck le fait dans son journal d’écriture des Raisins de la colère (Robert Laffont). Quand à Annie Ernaux, elle relate cette technique dans L’Atelier noir, son journal d’écriture : « Et dater, c’est se donner le moyen d’évaluer le temps qu’il a fallu pour élaborer un texte, c’est établir des repères avec soi-même, pouvoir comparer une période d’écriture à une autre et s’appuyer sur celle-ci pour ne pas désespérer. » Par extension, cela permet en effet de se donner des repères pour les manuscrits suivants et de connaître ses capacités et ses limites. Cela permet aussi de se donner des objectifs, et éventuellement de pouvoir les dépasser.
Atelier d’Albion vous propose des ateliers d’écriture en ligne et en solo, à découvrir par ici :