Ce mois-ci, nous avons eu le plaisir d’échanger avec l’écrivain Mathias Malzieu sur son rapport à l’écriture. La longue interview est à retrouver dans le Journal d’Albion n°2, et voici un petit avant-goût de son travail d’écriture au quotidien.
Écrivez-vous sur un carnet ou ordinateur ?
Les deux. C’est souvent sur carnet. Je note aussi des idées dans les notes de mon téléphone, mais je rédige sur ordinateur. Même si j’aime le côté organique du stylo, j’ai besoin de l’ordinateur pour organiser, surtout mes romans.
Écrivez-vous avec un plan ou au fil de plume ?
J’écris avec un plan que je ne suis jamais. Mais il faut absolument que je l’écrive. Quand je dis que je ne le suis jamais, la formule est amusante, mais j’exagère un tout petit peu. Disons plutôt que je ne suis pas mon plan intégralement. Parfois, je sors de l’itinéraire calculé par le GPS, mais quand je sors, je sais à quel endroit et j’ai des repères pour savoir quand et où rentrer pour résoudre l’équation finale.
Écrivez-vous dans votre bureau ou à l’extérieur ?
Je rédige assez souvent dans mon petit atelier, en alcôve sur mon bateau, dont je parle dans mon dernier livre. J’adore ça. Ça a souvent été une frustration de ne pas avoir une pièce à moi. Depuis que je vis sur le bateau, c’est un vrai plaisir de pouvoir fermer la porte. Pour mieux la rouvrir ! En revanche, je pense que c’est important de pouvoir écrire partout. Je ne dois pas non plus fétichiser cet endroit. Sinon, je vais me trouver des excuses pour ne pas écrire quand je suis en voyage, et c’est un danger, une coquetterie dont j’ai envie de me passer. Cela dit, j’adore écrire des idées dans le brouhaha des cafés. Je rédige dans mon atelier sur l’eau, mais les idées, c’est partout.
Écrivez-vous au calme ou en musique ?
Jamais en musique. Pour moi, c’est un énorme contresens. Il y a une musique des mots. Quand on écrit, on fait de la musique. Écrire en musique, ce serait comme essayer de composer une chanson et de mettre de la musique en même temps. Ce n’est que mon avis. Je connais des auteurs qui m’ont dit : « Je mets de la musique classique, je l’oublie et ça m’immerge. » Un peu comme quand j’arrive à oublier le brouhaha du café pour les idées.
Écrivez-vous le jour ou la nuit ?
Plutôt la nuit. Ce n’est pas radical. Ce sont les ombres qui me font écrire. Quand il fait beau, et qu’on peut profiter de l’extérieur, surtout sur le bateau, je vais plutôt aller courir, faire du skateboard, du paddle, ou lire dans un hamac dehors. Dès que le soir tombe et qu’il fait un peu frais, j’aime retrouver le cocon de l’écriture.
Quel est le roman que vous auriez aimé écrire ?
Si je devais en choisir un, je dirais Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. C’est un livre-monde, à la fois intime, intense, poétique, politique. C’est prodigieux. J’aurais pu vous parler de plein d’autres livres, mais s’il n’en faut qu’un aujourd’hui, c’est celui-là.
Le dernier roman de Mathias Malzieu, L’Homme qui écoutait battre le cœur des chats, est paru aux éditions Albin Michel.