« Je reste convaincu que la meilleure école d’écriture se fait par la lecture. C’est en lisant qu’on apprend à écrire. Les bons livres forment le goût », écrit Dany Laferrière, quand il ne prononce pas dans une conférence qu’« un écrivain vient de sa bibliothèque ». Jean Echenoz répond de même quand on lui demande le premier conseil qu’il donnerait à un apprenti auteur : « Je lui dirais de lire. De tout lire. Enfin de lire tout ce qu’il peut, tout ce qu’il veut. Ça passe quand même beaucoup par la lecture, tout ça. » Philippe Delerm écrit : « Impossible d’écrire si l’on n’est pas lecteur. » Quant à Stephen King, il est encore plus radical : « N’y allons pas par quatre chemins : si vous n’avez pas le temps de lire, vous n’avez pas celui d’écrire ni les instruments pour le faire. C’est aussi simple que ça. » Des exemples comme ceux-ci pourraient remplir des centaines de pages. Autant les écrivains peuvent être en désaccord sur bon nombre de sujets, autant s’il y a bien un point sur lequel ils sont raccords, c’est celui-ci : pour écrire, il faut lire.
Prendre le temps de lire
« Je ne peux imaginer quiconque devenir écrivain sans avoir été un lecteur fervent à l’adolescence. », répond Paul Auster à Michael Wood dans un entretien au Paris Review. Avant d’écrire, il faut donc lire, et beaucoup. Rares sont les écrivains ne donnant pas ce conseil précieux de la lecture. Au moment du COVID, alors que le confinement avait engendré une déferlante d’apprentis auteurs, l’une des éditrices du Seuil avait constaté une baisse de qualité non négligeable dans les nouveaux manuscrits arrivés par la poste : « Maintenant que tout le monde sait se servir d’un ordinateur pour écrire, nous voyons des gens qui écrivent et dont nous sentons qu’ils ne lisent pas. » Là est sans doute le problème majeur des apprentis écrivains aujourd’hui.
Lire de manière intéressée
Comme le disent Stephen King ou encore Vanni Santoni, celui qui n’a pas le temps de lire n’a pas celui d’écrire. La lecture a plusieurs destinations pour l’apprenti auteur. Mais la première est d’apprendre à écrire, tout simplement. Il ne s’agit évidemment pas de lire, comme on lirait sur la plage pour se détendre. Il s’agit d’avoir une lecture active, réfléchie, et presque intéressée, dans le sens de profitable. Jean-Philippe Toussaint va d’ailleurs plus loin dans cette réflexion en la prenant à contre-courant. Contrairement à beaucoup de personnes qui ont eu envie d’écrire en lisant, il dit qu’il s’est mis à lire pour écrire : « Je n’ai pas écrit parce que j’aimais lire, j’ai lu parce que je voulais écrire. » L’écrivain est donc le meilleur exemple de ce qu’il faut faire en matière de lecture lorsqu’en tant qu’apprenti auteur, on veut se mettre à écrire.
Myriam Thibault, créatrice d’Atelier d’Albion, anime des ateliers d’écriture en ligne et en solo, à découvrir par ici :