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Autoportrait de l’auteur en coureur de fond

Haruki Murakami est sans doute l’écrivain le plus connu ayant fait un parallèle avec le sport. Il en a d’ailleurs écrit un livre : Autoportrait de l’auteur en coureur de fond (10/18 éditions). Il explique qu’une « grande partie de [ses] techniques de romancier provient de ce [qu’il] a appris en courant chaque matin », car, grâce à la course, il sait à quel moment il est bon de s’arrêter, à quel moment il est nécessaire de se reposer, s’il doit avoir confiance ou douter de lui. Toutes ces choses, il les a apprises en courant et a pu les appliquer à son propre travail de romancier. Il va jusqu’à dire que la course est une « métaphore de l’écriture », et que l’écrivain doit avoir un corps sain s’il souhaite écrire le plus longtemps possible sans subir « un surmenage littéraire ». 

L’écrivain horloger

L’écrivain français Lionel Duroy, quant à lui, s’est trouvé une passion pour le cyclisme. Lui qui habite près du Mont Ventoux adore, après son travail d’écriture en matinée, prendre son vélo et rouler l’après-midi. Selon lui, les deux disciplines sont identiques et demandent toutes deux du « courage, de la solitude et de la pugnacité » (NDA : entretien avec l’auteur). De plus, il ajoute que « cette solitude [qu’il] aime à vélo est celle de l’écriture ». Lorsqu’il est sur son vélo, il déteste être dérangé par les cyclistes qu’il croise sur la route, parce qu’au bout d’un moment, son cerveau se réactive sur le travail d’écriture en cours : « Au bout d’une demi-heure, je me vois en train d’écrire, comme si je m’étais reposé et que ça repartait. Je trouve un enchaînement que je n’avais pas vu, je corrige dans ma tête les phrases écrites le matin. Je m’envoie des SMS avec des phrases. » 

L’écrivain danseur

Enfin, Julia Kerninon, dans Une activité respectable (éditions du Rouergue), rapproche l’écriture de la danse : « Je pensais que pour être écrivain, je devais m’exercer comme un athlète, comme une danseuse, jusqu’à ne plus avoir mal, jusqu’à ne plus me poser de questions, et je cherchais à posséder cette compétence. » Elle utilise à la fois le terme d’athlète et de danseur. Ce dernier met en lumière une notion peu évidente avec la métaphore de l’athlète : la douleur. L’idée ici n’est pas de dire que l’athlète ne souffre pas lorsqu’il s’exerce. Cependant, l’inconscient collectif a nettement mieux en tête la douleur de la danseuse à travers les images de ses pieds abîmés, déformés, tuméfiés, soignés par des pansements. Contrairement à l’athlète évoqué par Haruki Murakami, chez la danseuse, le travail acharné se répercute visuellement sur le corps. Dans tous les cas, le sport devient une métaphore de l’écriture chez tous ces écrivains. 

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