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La transmission en atelier d’écriture est un élément essentiel du rapport entre animateur-écrivain et apprenti auteur. L’écrivaine Frédérique Deghelt le voit comme une manière de donner à l’autre quelque chose dont il n’a pas encore conscience, ou qu’il ne connaît pas encore. Elle donne d’ailleurs une image assez belle de ce que cela représente pour elle : « C’est comme si vous essayiez de transmettre le goût de l’orange à quelqu’un qui n’en a jamais goûté. Vous pourrez le faire approcher de l’amer, de l’acide, du sucré, de quelque chose de connu, mais pas véritablement de ce qu’est l’orange quand elle passe sur votre langue. » La transmission est alors une manière de donner une connaissance que l’autre ne peut attraper que par lui-même. C’est finalement à l’apprenti auteur de se trouver. L’animateur n’est qu’un guide.

L’influence en littérature

Au-delà de cette question de transmission se pose la question de l’influence. En art, que ce soit en peinture, en musique ou en littérature, il est essentiel d’avoir des influences. Grâce à la découverte des anciens ou de ses contemporains, l’apprenti auteur ou artiste forme son goût, son idée de l’art et son style. Il y a toujours une influence, un ou plusieurs maîtres qui construisent la réflexion des nouveaux auteurs et artistes. Dans son essai La Littérature sans idéal, Philippe Vilain esquisse l’idée d’une littérature contemporaine lissée, à cause de l’absence de revendication de filiation. Il rappelle l’inspiration qu’a pu avoir Simenon sur Modiano, ou encore Beauvoir sur Annie Ernaux. Il continue en expliquant qu’aujourd’hui, beaucoup d’écrivains ne se revendiquent plus d’une influence, que beaucoup n’ont plus de maître. Est-ce la raison pour laquelle de moins en moins d’écrivains contemporains réussissent à percer ?

Une transmission au cas par cas

Comment construire son œuvre si l’on n’a pas été formé, si l’on n’a aucun livre ou aucune œuvre vers laquelle se retrouver ? Finalement, peut-on devenir artiste sans influence et sans un lien avec le passé ? Le rôle de l’écrivain-animateur serait donc aussi celui de la transmission d’une culture propre à chacun. Si l’apprenti auteur ne s’est pas encore trouvé, l’écrivain, qui possède a priori une large culture littéraire, peut le guider dans sa construction en lui donnant des conseils de lecture ou de films à voir.

Myriam Thibault, créatrice d’Atelier d’Albion, anime des ateliers d’écriture en ligne et en solo, à découvrir par ici :