Écrire ou le mythe de l’inspiration et de la muse

Écrire, ou le mythe de l’inspiration et de la muse. Le mythe de l’inspiration perdure dans l’inconscient collectif, puisqu’en France, le livre reste sacré. L’écrivain Hubert Haddad, qui anime depuis de nombreuses années des ateliers d’écriture, pense que notre vision du livre et de la littérature diffère des États-Unis, car nous n’avons pas le même rapport au texte. Outre-Atlantique, un écrivain peut écrire un seul livre, sans se formaliser si aucun autre ne suit. En France, la sacralisation du livre pousse les primo-romanciers à se trouver coûte que coûte une vocation en littérature. Il dit : « Un premier livre en France amène à d’autres livres, comme si tout d’un coup il y avait un rapport à la vocation, probablement lié à notre modalité culturelle occidentale. Le livre est un tel sacrement, qu’on ne peut se dérober. » Et le mythe perdure alors que la réalité prouve que les écrivains mettent parfois des années avant de finir un manuscrit, après avoir écrit des dizaines de versions, qui seront elles-mêmes corrigées par des correcteurs et éditeurs. Dans Le Degré zéro de l’écriture, Roland Barthes rappelle le processus d’écriture que dévoile Gustave Flaubert dans sa correspondance. Il pouvait mettre « cinq jours pour une page » ou écrire « quatre pages dans la semaine ». Il allait même jusqu’à dire que l’on n’arrivait au style « qu’avec un labeur atroce, avec une opiniâtreté fanatique et dévouée ». L’un des premiers clichés à éradiquer est celui de la facilité de l’écriture. Un jour, Frédérique Deghelt a dit à son éditeur Hubert Nyssen : « C’est quand même injuste : l’inspiration c’est 2 %, puis il reste 98 % de travail intense. » Ce à quoi il a répondu : « Tout le monde n’a pas les 2 %, et surtout, tout le monde n’accepte pas de fournir les 98 % qui manquent. » Tout est une question de prise de conscience et de volonté. Et pour vous, l’écriture est plutôt liée à l’appel de la muse ou du travail ?

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