Écrire des dialogues, c’est pratiquer l’ellipse. « Je n’ai jamais de ma vie rien écrit de plus difficile que ce que je fais maintenant, du dialogue trivial », écrit Flaubert à Louise Colet, le 19 septembre 1852. Le dialogue est sans doute l’élément du roman qui semble le plus simple à écrire, et qui est en réalité le plus complexe. Quand on commence à écrire, on a tendance à vouloir tout dire, être exhaustif dans les phrases échangées entre les différents personnages. Ne sont donc pas épargnées au lecteur les amabilités d’usage, les formules de politesse, de salutations et de remerciements, les questions sans intérêt et les séquences de dialogue qui gonflent le livre, sans donner d’indications capitales ni sur les personnages ni sur l’intrigue. Un dialogue est toujours un simulacre de dialogue. Les « bonjour », « bonsoir », « comment allez-vous ? », et autres « au revoir » ne doivent pas apparaître, ils sont implicites. Le roman doit utiliser l’ellipse, passer sous silence tous les moments évidents, qui n’apportent rien, ralentissent le rythme et alourdissent le texte. Le dialogue doit aller à l’essentiel, donner des informations relatives à l’intrigue, à l’histoire des personnages, ou, subtilement, sur leur caractère. Le dialogue ne doit pas non plus être un cours d’histoire ou d’économie pour mieux faire passer la pilule d’un passage indigeste sous un faux semblant rythmé. L’écrivain Jean-Philippe Arrou-Vignod, dans son livre « Vous écrivez ? », estime que le dialogue a cinq fonctions bien distinctes : une fonction mimétique (nous parlons, donc les personnages doivent parler), une fonction descriptive (les voix des personnages leur apportent du corps, elles les décrivent), une fonction informative (les dialogues apportent des informations), une fonction dramatique (l’intrigue avance aussi dans les dialogues et une fonction psychologique, avec un zoom sur le caractère des personnages). Et vous, vous les écrivez comment vos dialogues ?
Référence :
- Jean-Philippe Arrou-Vignod, Vous écrivez ?, Gallimard, 2017, 208 pages, 18€.
Atelier d’Albion anime des ateliers d’écriture en solo, vous pouvez les découvrir sur notre papeterie en ligne :