Cette semaine, le Journal d’Albion vous propose d’entrer dans les carnets de Caroline Laurent. Editrice et écrivaine, son dernier roman Rivage de la colère, vient de paraître en poche chez Pocket. Pour ce roman, elle a obtenu le Prix Maison de la Presse et le Grand Prix de Blogueurs. Entretien.
Comment utilises-tu tes carnets au quotidien ?
Ce sont des catalyseurs et des déversoirs. Je n’écris pas dedans tous les jours, plutôt par phases, surtout au moment de commencer un nouveau livre. J’ajoute parfois des croquis, des esquisses de lieux.
Les emmènes-tu partout avec toi ?
J’ai toujours un carnet avec moi, mais pas forcément le même. J’en entame plusieurs en parallèle, comme les livres que je lis. J’aime plus que tout les débuts, les premières pages noircies, à la fois lumineuses et confuses.
Qu’aimes-tu dans ce rapport aux carnets et à l’écriture manuscrite ?
L’immédiateté du geste. La main qui trahit la fébrilité, l’application, la fatigue ou le plaisir esthétique. Ce prolongement de l’esprit à travers la matérialité des lettres que l’on trace. L’écriture manuscrite, c’est comme une voix, ça ne se déguise pas.
As-tu des rituels d’écriture ?
Non, car je fuis les rituels. Les rituels sont des béquilles. Je préfère avancer seule, maladroite. Tant pis si je trébuche.
Peux-tu nous parler de Rivage de la colère, ton roman qui vient de paraître en poche, et pour lequel tu as été lauréate du Prix Maison de la presse et du Grand Prix des Blogueurs ?
C’est l’histoire d’un archipel autrefois rattaché à Maurice, les Chagos, qui a été détaché de son île mère au moment de l’indépendance, en 1968. C’est l’histoire de la déportation de ses habitants, innommable, mais surtout de leur colère et de leur combat. Et c’est une histoire d’amour et de rage, de dignité humaine et de justice. Une tragédie, en somme, qui n’oublierait ni la vitalité ni l’espoir.
As-tu un livre de chevet ? Un livre qui t’a donné envie d’écrire ?
Un livre qui donne envie d’écrire est une belle définition du livre de chevet ! Pêle-mêle, je citerais : Ecrire, de Marguerite Duras ; Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes ; Le Coût de la vie, de Deborah Levy ; Une saison en enfer, de Rimbaud-l’éternel.
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