Cette semaine, le Journal d’Albion vous propose d’entrer dans les carnets d’Aurélie Jeannin. Ecrivain, elle vient de publier son premier roman, Préférer l’hiver, chez Harper Collins, dont les premières idées ont germé dans ses carnets…
Depuis quand écris-tu dans des carnets ?
Je daterais ça du début de ma vie professionnelle, lorsque j’avais 24 ans environ. Avant cela, je n’avais pas un usage quotidien des carnets. Même adolescente, lorsque j’écrivais ce qui aurait pu être de l’ordre du journal intime, il s’agissait de feuilles volantes classées dans une chemise. A l’époque, je crois que le côté linéaire et figé du carnet m’angoissait !
Comment utilises-tu tes carnets ? En as-tu plusieurs en même temps ?
J’ai différents carnets, pour différents usages. J’ai un carnet professionnel dont les feuillets se détachent. Cela me permet de le recomposer à l’envi, selon mon besoin. J’y écris mes to-do list et y prends mes notes pro. Deux autres carnets recueillent de façon anarchique des notes diverses – idées, infos… J’ai aussi un carnet quotidien sur 5 ans dans lequel je note quelques lignes courtes chaque soir. J’attaque la deuxième année et je peux désormais regarder en arrière et me rappeler de ce que je faisais le même jour, un an plus tôt.
J’ai aussi un agenda papier ; pas un carnet en soi mais j’ai encore besoin de ce format matérialisé pour organiser mon temps. Enfin, pour mes deux enfants, j’ai des carnets dans lesquels je note à la fois les grands moments de leur vie et tout un tas de petites choses anecdotiques mais dont ils pourraient avoir plaisir à se souvenir plus tard. Pour l’écriture, j’utilise finalement peu de carnets, à part parfois pour noter une idée, quelques mots, mais rien de structuré et régulier.
Les emmènes-tu partout avec toi ?
J’ai toujours au moins un carnet sur moi. Pas tous mais au moins un !
Comment écrit-on un premier roman ?
En se demandant ce que l’on est en train de faire ! Je n’ai pas un processus créatif linéaire, je ne sais pas écrire chaque jour en reprenant là où je me suis arrêtée la veille. J’écris de façon parcellaire et irrégulière. Puis, à un moment donné, je me mets au travail pour reprendre, ordonnancer la trame narrative, compléter, ajuster, et fonder un roman. Le premier roman cristallise à la fois une forme de liberté absolue et de doutes extrêmes. Écrire sans savoir encore si on va être lu rend tout possible, c’est à la fois grisant et angoissant.
As-tu été obligé de te contraindre à des rituels d’écriture pour finir ce premier roman ?
J’ai dû me mettre au travail pour faire de mes écrits un récit. A ce moment du processus, mon écriture est devenue quotidienne, à peu de choses près. Ce qui n’est pas les cas sur les phases précédentes de mon travail.
Pour terminer, quels sont les livres qui t’ont donné envie d’écrire ?
J’ai ressenti l’envie d’écrire avant de savoir lire et écrire ; je dictais des histoires à ma mère qui les écrivait pour moi, dans un carnet précisément. Je ne sais pas ce qui m’a donné envie d’écrire mais je garde de délicieux souvenirs de mes lectures d’enfant. Je dévorais les livres et cela me nourrissait beaucoup. Adulte, la littérature américaine, le « nature writing » m’ont donné très envie d’écrire. Il y a aussi eu les recueils de nouvelles de Raymond Carver qui ont beaucoup compté pour moi. Et puis, David Vann, Pete Fromm… Dernièrement, lorsque j’ai refermé Arcadie, d’Emmanuelle Bayamack-Tam, je me suis dit que je n’avais rien lu de tel. Ce sont ce genre d’ouvrages, avec une écriture très forte, qui me donnent l’impression de lire le premier livre de ma vie, qui suscitent chez moi l’envie d’écrire.
Les conseils de lecture d’Aurélie Jeannin :
- Arcadie d’Emmanuelle Bayamack-Tam
- Les nouvelles de Raymond Carver
- David Vann
- Pete Fromm
Et si vous aussi vous vous lanciez dans l’écriture de votre premier roman ? Quelques carnets ci-dessous pour vous lancer, disponibles sur notre papeterie en ligne…
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Carnet Écrire à la plage12,00€