Quand écrire ? Écrire semble être une histoire de temps et de répétition. L’écriture étant un travail, il doit se répéter chaque jour ou à un rythme régulier pour se déployer. L’enseignant en écriture créative Vanni Santoni explique qu’écrire tous les jours impose de ne plus penser à l’écriture au moment de s’y mettre : « En écrivant tous les jours, d’une part on évite l’énorme perte de temps, bien connue des dilettantes, consacrée à “rentrer dans le texte”, d’autre part on accède à un état de conscience particulier, impossible à atteindre autrement, dans lequel on se surprend à penser au roman ou à la nouvelle à écrire même quand on n’est pas en train d’écrire. […] On n’est plus obligé de penser à ce qu’on va écrire quand on se met à sa table de travail, parce qu’on l’a déjà pensé pendant qu’on faisait les courses, pendant qu’on cherchait une place de parking, pendant qu’on accompagnait les enfants à l’école, pendant qu’on faisait un autre travail, pendant qu’on s’endormait. » Amélie Nothomb, par exemple, écrit tous les jours de quatre heures à huit heures du matin. Raison pour laquelle elle dit depuis plusieurs années qu’elle écrit trois à quatre manuscrits par an. Elle ne s’arrête donc jamais d’écrire, et l’explique : « J’ai trouvé le secret de l’inspiration perpétuelle. Il suffit de ne jamais s’arrêter. » Elle métaphorise son explication, en disant que l’écriture est comme une plaie qu’il ne faudrait pas laisser cicatriser.
Pour Lionel Duroy, même principe : « Au réveil, je trouve que je suis le plus perspicace, comme si le sommeil avait nettoyé la tête. J’ai une image de blancheur, je suis vierge comme une page blanche et très bien disposé, même si un peu angoissé, ne sachant pas si je vais pouvoir reprendre le fil. Je sais qu’à sept heures du matin, en me levant, je suis au maximum de mes possibilités intellectuelles. Il m’est arrivé en rentrant du vélo, en fin d’après-midi, d’essayer de relire quelque chose que j’avais écrit le matin — j’arrête d’écrire vers treize heures ou quatorze heures —, mais j’étais dans une confusion dangereuse. Je ne m’en souvenais même plus. Je ne suis plus du tout dans le livre, j’ai tendance à rayer, à dire que c’est mauvais. J’ai vite compris que c’était dangereux et que je devais écrire uniquement de sept heures à quatorze heures. » Et vous, vous écrivez tous les jours ?
Référence :
- Écrire mode d’emploi de Vanni Santoni, Denoël
- Emission 21 cm avec Amélie Nothomb
- Entretien avec Lionel Duroy
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