Atelier d'Albion

Dans les carnets de Sophie Adriansen

Cette semaine, le Journal d’Albion vous propose d’entrer dans les carnets de l’écrivain Sophie Adriansen. Elle écrit à la fois des romans, ainsi que de la littérature jeunesse. Son dernier roman jeunesse, Le Test, est paru aux éditions Magnard. 

Pourquoi écrire dans des carnets ?

J’écris mes romans directement à l’ordinateur, mais les carnets font partie du processus. Le clavier est le support des phrases qui s’enchaînent, des paragraphes qui s’organisent, tandis qu’il me faut en parallèle un carnet pour noter les phrases isolées dont j’ignore encore où elles s’inséreront, les idées à aborder avant qu’elles ne soient mises en forme, les citations qui soulignent mes intentions, et tout ce qui a trait aux personnages (éléments biographiques, caractère, liens familiaux…). Le carnet est mon repère, celui dans lequel je fige également la chronologie du récit et/ou le plan. Soit a priori, soit en y rapportant au fur et à mesure ce qui se déploie dans le roman (voire les deux). Il me devient dès lors indispensable, car c’est à lui que je me réfère : c’est ma boussole dans le livre que j’écris. Le carnet n’est donc pas pour moi un préalable à l’écriture, comme je l’entends souvent dire par les romanciers, ou pas seulement. C’est aussi et surtout un compagnon que je ne referme qu’une fois le livre achevé.

As-tu des rituels d’écriture ?

Pas vraiment, si ce n’est que je n’écris qu’une fois que les choses ont pris forme dans mon esprit, qu’elles demandent à sortir, qu’elles débordent. Ensuite, c’est chaque roman, chaque texte qui impose son rituel (le carnet s’y adapte). Et ça me va, que le processus ne soit pas systématisé. Ça me va d’avancer avec toujours cette impression que quelque chose me dépasse, m’ordonne d’écrire de telle manière, d’organiser le texte de telle façon… Ça me va, en somme, qu’il y ait de la magie dans le fait d’écrire.

Tes carnets te servent-ils exclusivement à écrire ton roman en cours ?

Les jolis carnets me servent à cela. J’utilise également une deuxième sorte de carnets, généralement des objets publicitaires, pour prendre des notes au quotidien – aussi bien une phrase prononcée par mon voisin dans le train qu’une vague idée de roman ou les références d’un livre dont me parle une commerçante (mais pas la liste de courses). Ces carnets moins précieux sont parfois malmenés sans que cela me pose problème.

Les carnets de Sophie Adriansen
Quelle est la vie de ton carnet ? 

Le carnet du roman en cours ne quitte généralement pas ma table de travail, de même que mon ordinateur n’est pas portable. Même s’il m’arrive exceptionnellement d’écrire en voyage, l’écriture est le plus souvent associée à ce lieu. Les supports y restent. Mais les carnets neufs m’intimident, m’impressionnent. Je voudrais toujours que ce que j’y note soit parfait, d’une écriture aussi belle que leur facture, que leur couverture. Alors parfois il me faut un peu de temps pour oser les entamer, ou alors je les démarre de manière flamboyante, avec un stylo à encre violette, un titre dont je travaille la typographie, que je souligne deux fois, que je fais suivre d’une citation ou d’une définition associée. Les pages qui suivent sont souvent appliquées et au bout de quelque temps, enfin, je m’autorise relâchement, ratures, mots en travers et gribouillis en vrac.

As-tu un ou plusieurs carnets ?

J’ai donc des carnets divers, jolis ou qui le sont moins. Et un carnet ne disparaît de mon paysage que lorsqu’il est à peu près plein. Ce qui fait qu’un même carnet peut devenir le compagnon de plusieurs romans… et que plusieurs carnets peuvent m’accompagner en même temps. Lorsqu’un carnet est terminé, je le range, mais par superstition je ne le jette pas. Jamais. Même si je n’en fais plus rien et ne le rouvre que lors d’un déménagement. Mon idée secrète est qu’il peut toujours s’y cacher quelque chose que je serai contente de (re)trouver un jour.

Pour conclure, peux-tu nous parler d’un livre et d’un film qui t’ont inspirée ou marquée ?

Il y en a tant ! Pour rester dans la thématique, j’aimerais citer ici 84, Charing cross road, délicieux roman épistolaire d’Helene Hanff paru en 1970 aux États-Unis, une ode à la littérature, à la correspondance et à la papeterie. Le livre a été porté à l’écran, mais c’est bien l’objet de papier que je conseille. Et deux films dans lesquels il est question d’écriture : Tamara Drewe (l’adaptation par Stephen Frears du roman graphique de Posy Simmonds), une comédie qui a pour cadre initial un cottage so british où se tient une résidence d’écriture ; et le plus récent M. et Mme Adelman (de Nicolas Bedos), l’épopée, sur près d’un demi-siècle, d’un couple dont l’homme fut un écrivain à succès et l’écriture au cœur de l’amour…

Vous pouvez retrouver Le Test, dernier roman jeunesse de Sophie Adriansen, chez Magnard. Vous pouvez retrouver le site de Sophie Adriansen, par ici. Et si vous aussi vous souhaitez commencer un carnet pour écrire votre roman, l’Atelier d’Albion vous invite à découvrir sa papeterie en ligne


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