L’art du roman est de toucher son lecteur. Le personnage est un élément essentiel de cet objectif : le personnage peut lui ressembler ou devenir un miroir. Combien de films vus ou de livres lus qui nous ont bouleversés, fait rire ou pleurer ? Combien de personnages restent ancrés dans la mémoire des lecteurs, parce qu’ils sont le reflet de nos propres histoires ? Dans la littérature et l’art de la fiction, le miroir est un objectif à atteindre.
Quand le lecteur se voit dans le reflet du personnage
Pourquoi lisons-nous ? Pour apprendre, pour s’évader, pour passer le temps, mais aussi pour comprendre. Le lecteur lit certains romans pour le sujet évoqué, mais aussi pour l’histoire racontée. Les personnages qui touchent les lecteurs ont une âme. Ce sont ces personnages dont on demande ce qui lui arrive une fois le livre refermé ou le film terminé. Inconsciemment, le lecteur cherche aussi des réponses à sa propre vie, aux relations qu’il entretient avec les autres. Comme l’écrit le psychiatre et écrivain Irvin Yalom : « La grande majorité des individus qui sont demandeurs d’une thérapie ont des problèmes relationnels fondamentaux ; dans la plupart des cas les individus sombrent dans le désespoir parce qu’ils sont incapables de nouer et de maintenir des relations interpersonnelles enrichissantes et durables. » La lecture est une thérapie comme une autre. Régine Detambel, bibliothérapeute, le défend aussi dans son livre Les Livres prennent soin de nous. Le personnage donne un miroir et des clés de compréhension à la propre histoire du lecteur.
Quand le personnage sauve
L’écrivaine Katherine Pancol a d’ailleurs un exemple très parlant sur la puissance des personnages. Depuis son succès des Yeux jaunes des crocodiles, elle reçoit souvent des mails de lecteurs lui disant qu’ils adorent son personnage de Joséphine. Ce personnage a changé leur vie, et ils ne se sentent plus seuls maintenant qu’ils ont découvert Joséphine. La force d’un personnage qui touche réside dans sa puissance à transcender la fiction pour devenir bien réel. Il y a une déportation du personnage fictif dans le monde du lecteur. Les lecteurs se sont identifiés à cette jeune femme. Et Katherine Pancol a reçu des dizaines de messages lui disant : « I am Joséphine », des messages qui venaient autant de lectrices que de lecteurs…
Donner une âme à ses personnages apporte à la fois une profondeur à l’histoire et permet aux lecteurs de s’identifier. La réussite d’un roman réside dans cet effet qui consiste à faire se demander aux lecteurs, une fois le livre refermé, ce que sont devenus les personnages avec lesquels il a passé toutes ces heures de lecture…
Atelier d’Albion propose des ateliers d’écriture sur les personnages, animés par Myriam Thibault, à découvrir par ici :