Atelier d'Albion

La recherche de l’écrivain

« J’ai des carnets entiers de doc », écrit Pierre Michon. Ce n’est pas toujours vrai, mais certains sujets nécessitent une recherche documentaire, qui peut parfois prendre plusieurs mois avant le lancement de l’écriture. L’écrivain réalise une recherche approfondie, qui peut aller de la lecture de livres, au visionnage de documentaires, voire à la lecture d’archives dans les bibliothèques. La recherche peut aller jusqu’à une enquête approfondie sur le terrain pour retranscrire au plus proche une réalité existante. 

La recherche sur le terrain

Olivier Norek, lieutenant à la police judiciaire, a un jour décidé de se mettre en disponibilité pour se consacrer à l’écriture. Il a, depuis, énormément de succès, mais cela se doit aussi à sa connaissance du métier et du terrain. Ses intrigues tiennent la route, grâce à leur construction implacable, mais aussi car elles sont réalistes. Lui qui a passé des années dans les coulisses de la police sait comment les enquêtes se déroulent. D’autre part, il sait à qui s’adresser pour connaître les petits détails qui feront toute la différence. Olivier Norek, quand il écrit un roman, ne se contente pas de son imaginaire. Les remerciements situés à la fin de ses romans sont l’explication de sa précision.

Pour son roman policier Surface, il remercie les « policiers du commissariat de Decazeville et le commandant Verlaguet ». Pour le clin d’œil, Decazeville est d’ailleurs le lieu où il pose son intrigue et où se déroule l’enquête de son roman. Puis, il continue en remerciant la brigade fluviale de Paris « et plus particulièrement le commandant Berjot », ainsi que « Nicolas Leclerc et Serge Denis qui lui ont permis de « baliser l’intrigue sous-marine ». Il remercie également un médecin légiste, Marc Taccoen, qui l’aide « depuis le tout premier roman », Melchior Martinez, psychiatre de l’hôpital Percy, ou encore Benjamin Fourré et Benoît Abbas, experts en balistique. Quant à l’écrivain Maxime Chattam, ancien libraire, il ne connaît pas le métier comme Olivier Norek. Néanmoins, il s’entoure de gens du métier comme des lieutenants de police et a déjà assisté à une scène d’autopsie. Cela lui permet d’être dans le vrai lorsqu’il décrit ces scènes. Cette recherche et imprégnation font la force de ces deux écrivains. 

Se faire son journal de travail

En dehors des éléments de documentation indispensables à la crédibilité du roman, il y a aussi toute la recherche qui relève de la subjectivité des lieux. Ce qui rend le roman crédible et vrai. Dans ce registre, Lionel Duroy, lorsqu’il écrit Eugenia, un roman qui se déroule dans les pays de l’Est, se rend sur place pour s’imprégner des lieux. En Roumanie, il réalise plus de six cents photographies des rues qui l’intéressent : « Ce qui est important, c’est l’ambiance : les pavés, le trottoir, le même magasin qu’en 1941… » Il peut alors comparer les photographies de l’époque et les siennes pour voir les différences. Il ne prend pas de notes, mais photographie : « Quand vous êtes en repérages, pour un roman ou pour un film, l’appareil photo vous force à penser à ce que vous allez photographier, vous force à travailler visuellement. » Cette méthode lui permet de rendre une description fidèle de la réalité. Il donne à voir, intègre ses propres sentiments, puisqu’il les a vécus. L’écrivain n’est plus seulement dans l’imaginaire. Il touche ses lecteurs, parce que les sentiments le traversent d’abord au moment de l’écriture. 

Garder la confiance de son lecteur

Avec ces deux techniques, l’écrivain porte alors un bagage conséquent, qu’il s’agisse d’une recherche documentaire, historique ou proche du sentiment que dégage un lieu. Ces deux méthodes évitent de créer des incohérences, des incertitudes, des approximations. Elles rendent le propos clair, fluide, vrai. Il est assez fréquent dans les romans de trouver des confusions en matière de géographie (un TGV pour aller à Deauville, par exemple, ce qui n’existe pas). L’écrivain qui parle de ce dont il connaît, qui a fait des recherches, même les plus simples comme celles du TGV, garde la confiance de ses lecteurs. Là est l’un des points essentiels de la relation à entretenir entre un écrivain et son lectorat, et cela passe par une bonne connaissance de son sujet.

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