Atelier d'Albion

Musique et roman

« Il y a toujours ce quelque chose qu’il faut trouver dans la phrase qui peut ressembler à la musique », dit Patrick Modiano. Pour pousser la réflexion sur ce sujet, le temps du roman peut aussi être apparenté à la musique. Milan Kundera fait ce parallèle évident lorsque l’on est musicien : « Chaque partie dans mes romans pourrait porter une indication musicale : moderato, presto, adagio, etc. » Le temps du roman est aussi déterminé par sa construction, avec des moments plus lents de description, des moments d’actions plus rapides, etc.

Dimension romanesque de la musique

Cette comparaison avec la musique apporte une dimension romanesque à la musique, et musicale au roman. On pourra tout aussi bien effectuer un parallèle avec le cinéma. Dans un film d’action, la musique, qu’elle soit extradiégétique ou intradiégétique, est toujours en accord avec ce qu’il se passe à l’écran. Auquel cas, le spectateur est perdu et n’y comprend plus rien. Une scène d’action sera rarement accompagnée de la « Gnossienne n° 1 » de Satie (à moins qu’elle se déroule au ralenti, ou que nous nous trouvions dans une parodie). Ce n’est pas un hasard si certains écrivains confessent écrire en musique, et parfois avec des bandes originales de film.  

Musique comme métaphore

Au-delà de cette théorie très pratique de Milan Kundera, d’autres écrivains utilisent la musique comme métaphore pour évoquer le rythme du roman. Pierre Michon dit que chacun de ses romans est une « partition différente », avec son « rythme », ses « drums », ses « solos ». Et c’est sans compter tous les écrivains qui avouent un rêve passé d’être compositeur, comme Bret Easton Ellis qui dit, qu’à défaut de connaître la langue de la musique, il s’est mis à écrire. Ils se sont mis à utiliser les mots à défaut des notes. La musique les fascine. La portée et les notes sont un autre langage, qu’ils ne maîtrisent pas, et qui apporte quelque chose de « beaucoup plus net » pour Patrick Modiano. La musique touche directement, sans circonvolutions, sans mots. En travaillant sur le rythme, les écrivains cherchent aussi cet idéal qu’ils envient à la musique. 

Atelier d’Albion vous propose des ateliers d’écriture en ligne et en solo, à découvrir par ici :

Quitter la version mobile