L’écrivain fascine par sa capacité à raconter des histoires, et attire ainsi son lot de détracteurs : « Vous savez, quand on écrit, on ne va plus dans certaines soirées, car on est à vif, on capte tout. », dit l’écrivaine et animatrice d’ateliers d’écriture Frédérique Deghelt. Quand un auteur commence à dire qu’il écrit, déboulent tout un tas d’egos en quête de gloire qui prennent tout d’un coup l’écrivain pour un psy. Ils se mettent à raconter leur propre histoire en affirmant que ça ferait sans doute un bon roman. Ils ont « tant vécu », il y aurait donc « tant à raconter ». Les voix commencent à résonner, et mille et une histoires se bousculent aux oreilles de tous les écrivains. Or, comme le dit très bien le scénariste de bande dessinée Xavier Dorison : une multitude d’exploits n’est pas une histoire.
Protéger son histoire
En plus de ne pas se perdre dans toutes les idées entendues toute la journée, l’idéal serait de ne pas trop dévoiler son histoire en cours. Certains écrivains, comme Alexis Michalik, disent tester leurs idées auprès de leur entourage. Dès qu’ils ont une idée d’histoire qui leur paraît être une bonne idée, ils la racontent et observent les réactions. J’aurais tendance à penser que pour un primo-romancier, l’idéal serait de protéger ses idées. Pas à cause de la peur de se les faire piquer, mais simplement pour les protéger de toutes les fausses bonnes idées que l’entourage pourrait y instiller. Avoir un ou deux lecteurs dans ses proches est, en revanche, une excellente manière de tester son histoire.
L’importance des bêta-lecteurs
Ces bêta-lecteurs, choisissez-les bien. Il vous faut une confiance mutuelle absolue, une assurance de sincérité, et surtout une habitude de la lecture de votre interlocuteur, qui comprendra vos problèmes techniques. Je laisserai le mot de la fin à Stephen King, qui parle aussi de l’importance d’avoir quelqu’un qui vous soutient dans votre projet. Il dit : « Écrire est un boulot solitaire. Avoir quelqu’un qui croit en vous fait une sacrée différence. Ce quelqu’un n’a pas besoin de faire de discours. Qu’il croie en vous est en général suffisant. »
Référence : Entretien personnel avec Frédérique Deghelt ; Glénat Masters 2024 avec Xavier Dorison ; émission Au cœur de la création avec Alexis Michalik ; Ecriture de Stephen King (Livre de poche)
