Atelier d'Albion

Surmonter le “Tout a déjà été écrit”

L’un des affirmations que je croise le plus souvent dans mes ateliers avec des étudiants est celle-ci : “De toute façon, tout a déjà été écrit.” En tant qu’animateur, il est toujours difficile de contrer cette affirmation pour une simple raison : elle est ancrée si profondément dans les esprits, qu’il faudra du temps pour s’en défaire. Par extension, certains apprentis auteurs ont peur de copier ou de ne pas être assez original.

Le plagiat psychique n’existe pas

Il est extrêmement rare de se retrouver face à des cas de plagiat ou vol d’idées. L’un des rares connus à ce jour est le fameux « plagiat psychique » mis en lumière par Camille Laurens, contre Marie Darrieussecq pour leurs livres respectifs : Philippe (Gallimard) et Tom est mort (P.O.L.). La première a reproché à la deuxième de lui avoir volé son idée et son traitement. Elle a trouvé dans Tom est mort des phrases similaires, des sensations racontées identiques à son roman.

Marie Darrieussecq s’est défendue en évoquant que pour parler d’un même sujet (la perte d’un enfant à la naissance), les mères ressentaient les mêmes sentiments, raison pour laquelle des métaphores similaires sont utilisées. Ce qui n’est pas forcément tout à fait faux. Dans une récente émission Au cœur de la création animée par Xavier de Moulins, l’écrivain Nicolas Mathieu dit d’ailleurs : “Un roman, c’est profondément impur. Ça fait le tapin. Ça récolte partout : dans les films, dans les rencontres, dans les idées, dans le recyclage aussi. On ratisse large.”

Le vol d’une idée n’existe pas

Il est important de préciser qu’une idée n’est pas une notion que l’on peut protéger selon le Code de la propriété intellectuelle. L’apprenti auteur doit donc avoir assez confiance en lui pour oser traiter des sujets qui ont déjà été utilisés en littérature, tout en trouvant un angle original, sans se dire que tout a déjà été dit. Il doit aussi ne pas trop se poser la question du vol de ses idées, tout en faisant attention à ne pas les divulguer trop tôt ni à en parler à trop de monde. Tout ceci est une histoire de dosage et de confiance. Il ne doit pas non plus trop se poser la question du vol d’idées qu’il aurait inconsciemment intégrées dans son esprit.

Cette question est traitée par Anne Roche dans son article « Restons vampires », où elle invoque l’écrivain Michel Schneider et son livre sur le sujet Voleur de mots : « Voleur de mots reste une référence importante de mon séminaire : sa réflexion sur la hantise du plagiat et de l’originalité me semble salutaire pour des débutants hantés précisément par le désir d’être uniques et tentés, du coup, par une espèce d’ignorance militante des livres des autres […] : “Votre croyance d’écrire ce qui ne le fut jamais n’est que l’ombre creusée dans votre savoir par les livres que vous n’avez pas lus.” » Soyez libres d’écrire !

Myriam Thibault, créatrice d’Atelier d’Albion, anime des ateliers d’écriture pour vous aider à avancer dans votre processus d’écriture :

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