Écrire des dialogues, pour entendre la voix des personnages. Le dialogue est le lieu où l’on comprend leur caractère, leurs idées, leur manière de voir la vie, les événements. Il peut aussi être le marqueur d’une langue particulière, ou d’un langage propre à son personnage. Certains écrivains, comme Jean d’Ormesson, vont jusqu’à dire que le dialogue ne doit servir que la voix du personnage, qu’il serait une autre manière d’apprendre à le connaître pour le lecteur : « Je m’efforce toujours d’appliquer la règle d’Hemingway, règle d’or du genre romanesque, selon laquelle les dialogues ne doivent pas avoir pour objet d’expliquer quelque chose, de faire avancer l’action : ils doivent faire entendre une voix. » Sous cet angle, le dialogue apporte une profondeur supplémentaire à chacun des personnages, d’autant plus si le récit est mené à la troisième personne. Le dialogue serait alors le seul moment du roman où l’on puisse entendre la voix du personnage. Dans cette optique, il existerait alors deux possibilités pour l’écriture des dialogues : le littéraire ou l’oralisé. L’oralisé donne parfois un style, un rythme, une langue forte, intense. Ou au contraire un rendu illisible, comme dans le deuxième roman d’Édouard Louis, où il fait parler le personnage de la sœur dans une langue orale, dont on peut se demander si elle est vraiment adaptée à l’écrit. Puis, il y a le parti pris d’une langue littéraire. Jean-Philippe Arrou-Vignod, écrivain jeunesse, est de cette branche-là : « Je suis persuadé aujourd’hui […] : il n’y a pas de bon dialogue qui ne soit pas littéraire. » Il ajoute qu’un dialogue, en plus de ne pas faire apparaître les banalités d’usage, devrait éviter le plus souvent de retranscrire les tocs langagiers de l’époque. Il s’explique : « Ces traits d’époque sont autant de dates de péremption que vous introduisez dans votre livre. Il ne faudra pas deux ans pour qu’il soit démodé. » À bon entendeur…
Référence :
- Jean-Philippe Arrou-Vignod, Vous écrivez ?, Gallimard, 205 pages
- Jean d’Ormesson et François Sureau, Garçon de quoi écrire, Folio, 408 pages
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