À l’occasion de la sortie de son premier roman jeunesse, Un garçon c’est presque rien (Rageot), Lisa Balavoine nous ouvre les pages de ses carnets. Elle nous parle de ses carnets, de ses rituels, de Virginia Woolf ou encore Annie Ernaux, et de sa passion pour les formes hybrides dans l’écriture…
Quel rôle jouent vos carnets dans votre processus d’écriture ?
Souvent le carnet apparaît dans un second temps, l’idée du texte vient d’abord et une fois qu’elle existe réellement dans ma tête, le carnet vient à la rescousse. J’y note les idées, des phrases, je colle parfois des images, des citations d’auteur, des chansons, des extraits de dialogues de films. Je n’écris jamais « vraiment » dans un carnet, le texte nait toujours sur le clavier de l’ordinateur.
Vos carnets vous suivent-ils partout lorsque vous vous déplacez ?
J’ai toujours quelque chose pour écrire sur moi, en tout cas j’ai toujours un stylo ! Mais j’écris un peu sur n’importe quoi : mon agenda, les notes de mon téléphone, un ticket de caisse … Lorsque j’ai pensé à prendre un carnet, c’est mieux, mais j’ai aussi une forme de complexe vis-à-vis des carnets. Beaucoup d’écrivains parlent de leurs carnets, de journaux qu’ils tiennent depuis toujours, qu’ils conservent précieusement. Moi non. Je n’ai pas cette discipline, je perds les carnets une fois le texte terminé, je ne garde pas les traces. Et puis je n’ai pas envie que d’autres que moi les lisent.
Les carnets de Lisa Balavoine / © Lisa Balavoine
Entretenez-vous un rapport particulier avec l’écriture manuscrite ou le moyen importe peu pourvu que l’écriture vienne ?
L’écriture vient souvent sur l’écran en premier. J’écris beaucoup sur instagram, des petits textes qui sont comme des exercices d’écriture quotidienne. J’aime visualiser ce que j’écris, voir la place que ça prend sur la page, jouer sur la typographie, les espaces. L’écriture manuscrite ne permet pas cela de la même façon. En revanche, j’aime écrire à la main, au feutre ou au stylo-plume, je crois que mon écriture ressemble à qui je suis. Ma mère avait presque la même, j’ai appris peu après sa mort qu’elle écrivait elle aussi, j’aime l’idée que cela nous lie au-delà de sa disparition.
Avez-vous des rituels d’écriture ?
La solitude, le silence et du café.
Vous sortez en cette rentrée littéraire de septembre un livre pour les adolescents, Un garçon c’est presque rien, chez Rageot. Comme pour votre premier roman Eparse, vous choisissez une forme peu habituelle. Après les fragments, vous utilisez les vers libres. Comment viennent ces formes ?
J’ai toujours été attirée par les formes narratives différentes, et de plus en plus avec les années, c’est ce qui m’attire en tant que lectrice. J’aime les textes objets, les variations narratives, la polyphonie, les structures courtes, les architectures bizarres. Je me détache de plus en plus du roman « traditionnel », cela ne m’intéresse presque plus et je serais incapable d’en écrire. Pour Eparse, la forme fragmentaire était évidente, c’était un portrait en éclats, le texte en épousait les contours. Pour Un Garçon c’est presque rien, c’était une proposition de l’éditeur, écrire en vers libres. J’aime écrire avec une contrainte formelle, donc j’ai accepté sans me poser de questions et le texte est venu assez facilement, cela m’a vraiment plu d’écrire ainsi.
Les carnets ouverts de Lisa Balavoine / © Lisa Balavoine
Pour finir, pouvez-vous nous parler des livres qui vous ont donné envie d’écrire ?
Plus que des livres, ce sont des écrivains ou des artistes qui m’ont donné envie d’écrire, des personnes qui ont une « démarche » créatrice que je trouve inspirante, parce que singulière, très personnelle et souvent liée à l’intimité. Je suis aussi davantage inspirée par les femmes que par les hommes, c’est ainsi. Sans trop réfléchir, je dirais que les livres qui m’accompagnent depuis longtemps sont Une chambre à soi de Virginia Woolf, Enfance de Nathalie Sarraute, Passion simple d’Annie Ernaux, Prenez soin de vous de Sophie Calle, L’année de la pensée magique de Joan Didion. Et puis la poésie de Sylvia Plath ou d’Emily Dickinson, la poésie c’est essentiel, j’y reviens tout le temps.
Pour écrire à votre tour et libérer votre créativité comme dans les carnets de Lisa Balavoine, Atelier d’Albion vous propose de découvrir sa gamme de carnets sur la papeterie en ligne. Le carnet Je me souviens des nuits parisiennes, utilisé par Lisa Balavoine est disponible ci-dessous.